Vous pensiez que le fétichisme se cantonnait à l’Europe occidentale ? Détrompez-vous ! Depuis la chute de l’URSS, le fétiche et le S/M se développe dans les pays de l’Est, et en particulier en Russie avec engouement et rapidité. Créée en 2005, Rubear est une marque de latex russe. Basée à Moscou, cette géniale équipe de stylistes a su développer des textures originales et innovatrices dans la Mode fétiche qu’ils abordent avec fantaisie, sans le caractère sérieux de nombreuses marques. Pour la première fois en Europe, Rubear viendra présenter au Bal des Supplices leurs tenues d’un genre nouveau. Dans cet interview exclusive pour TendanSMag, les excentriques créateurs slaves nous présenteront leurs collections, nous raconteront leurs premiers pas dans le stylisme latex et décriront également la scène fétiche et S/M russe, et plus particulièrement moscovite.
Pouvez-vous présenter votre marque RuBear ?
RuBear est un atelier de latex russe, créé en 2005. Nous appelons notre marque « Le monde magnifique du latex ». Nous avons une large gamme de différentes tenues latex et accessoires en tous genres : des vêtements de Mode aux gadgets heavy rubber et jouets pour adultes.
La principale partie de notre gamme consiste en tenues collées de haute qualité, fabriquées par nos employés. Nous avons une collection pour femmes et pour hommes, lingerie, combinaisons, cagoules et masques gonflables, vacuum-bed, sacs de couchage et de nombreux appareils de bondage.
Nous fournissons également des articles moulés provenant d’Angleterre, comme des gants, bas, etc.
Nous fabriquons des masques avec d’excellent visage réaliste, et nos nouveaux produits moulés sont la combinaison live doll et le corset.
Pour notre collection classique, nous utilisons généralement le latex 4D Rubber, et nous produisons aussi notre propre et unique latex texturé et imprimé.
Comment avez-vous découvert le latex, et pouvez-vous nous expliquer comment Rubear est né ?
Grâce au déploiement d’Internet, nous étions impressionnés par les photos de filles séduisantes dans des tenues latex moulantes que nous avions pu voir sur le web. Nous avons donc commencé à chercher ce genre de vêtements, et nous n’avons rien trouvé du tout en Russie. Nous jugions les boutiques étrangères chères et bien trop éloignées. C’était donc un gros problème pour acheter ce type de produits ici. Ensuite, nous avons contacté une usine russe qui fabriquait du latex, et nous leur avons demandé de produire pour nous des rouleaux de latex noir. Ils nous ont répondu que nous devions commander une quantité minimum de 100 mètres, et nous avons accepté. Si vous aviez 100 mètres de latex, que feriez-vous ? C’était, bien sûr, beaucoup trop pour nous, et nous avons donc commencé à faire des tenues pour nos amis et pour la petite communauté fétiche de Moscou. Ensuite, nous avons trouvé le moyen de commander du latex en Europe, nous avons formé un couple de colleurs et nous avons créé un petit site Internet pour nos ventes.
Utilisez-vous d’autres matières ?
Latex, latex et encore le latex. Il y a tellement de possibilités avec cette matière, nous avons plein d’idées et de projets, donc je pense que c’est suffisant pour nous.
Vos créations ont des textures originales. Pouvez-vous nous en parler, et nous expliquer comment l’idée vous est-elle venue ?
Oui, en fait le latex moulé n’a pas été le fruit d’une longue cogitation. Nous l’avons tout simplement fabriqué, puis nous nous sommes demandés s’il pouvait intéresser quelqu’un. Nous avons ensuite trouvé un super site, Bodycult : nous avons alors réalisé que nous n’étions pas seuls dans cette branche et que nous n’avions rien inventé : pas de quoi être fier. Nous pensons que l’inventeur du latex texturé est l’homme qui a créé les fleurs sur les bonnets de bain, ou celui qui a inventé les tapis striés en latex, que l’on trouve devant chaque porte d’entrée. Pour parler franchement, il n’y a pas en Russie un réel engouement pour le latex texturé, les gens préfèrent le latex noir brillant, mais il y a aussi de vrais connaisseurs qui aiment le latex texturé.
Quel est votre article le plus vendu ?
La combinaison bien sûr. La combinaison noire brillante et moulante est ce que tous les fétichistes russes réclament le plus.
Pouvez-vous nous parler de la scène fétiche et S/M en Russie ? Quelles sont les pratiques sexuelles les plus répandues ? les tendances ? l’ambiance des soirées ?
En Russie, le S/M est plus répandu que le fétiche. La communauté S/M compte au moins quelques milliers de membres. La flagellation et le bondage sont les pratiques les plus populaires. Il y a quelques personnes bien connues dans le milieu, qui organisent des séminaires et publient des livres, où elles enseignent aux novices comment utiliser les différents appareils et améliorer leurs techniques. Il y a beaucoup de soirées S/M organisées en Russie, la plupart sont à Moscou et à Saint Petersbourg. Il y a chaque année, deux bals BDSM, le Bondage festival et la Halloween party, ainsi que de nombreuses petites soirées en club pratiquement tous les jours. Malheureusement, la communauté est assez éparpillée, car il y a beaucoup d’organisateurs de différentes soirées, et tous essaient de grappiller le plus de clients possible. Ils peuvent même organiser deux soirées différentes en même temps, cela ne marche pas toujours comme sur des roulettes.
Dans les soirées, l’ambiance est assez détendue et amicale, les gens se relaxent, font connaissance, regardent les performances, participent à de petits concours amusants et dansent. Les performances sont, en général, très simples et « faites maison » – certains couples présentent leurs pratiques sur scène ou invitent des danseurs et proposent des choses intéressantes.
Dans les bals BDSM, les performances sont plus sérieuses, il y a en général des spectacles de feu, des suspensions et des pratiques dangereuses utilisant le feu, les piercings, les couteaux et l’électricité. Les salles chill out sont accessibles pour tout ceux voulant un coin plus intime pour leurs pratiques S/M. Et bien sûr les gens essaient de respecter le code vestimentaire. Cuir, vinyle, zentai, corsets, uniformes et latex. Beaucoup de fétichistes se joignent à la communauté S/M et viennent à leurs soirées en latex.
Comme soirée purement fétiches, la première en Russie fut FPN – Fetish Party Night, organisée par Billy, le photographe et styliste de zentai du projet StylishFetish.com. Ses soirées ont toujours été d’une très grande qualité, très élégantes et bien organisées, avec des shows professionnels et des invités. Nous nous souvenons qu’en 2007, l’incroyablement souple Zlata était venue à la FPN. Ces soirées avaient une atmosphère joyeuse et insouciante de fête foraine.
Nous avons également des soirées cyber et freak fetish, comme le Fetish Front et le HorrorShow. Leurs clients sont, en général, des jeunes, avec beaucoup de goths et de freaks. La musique est forte, les danses sont agressives et les clients attirent plus l’attention que les shows, vu que les gens ont un look bizarre avec des modifications corporelles et des tatouages.
Très peu de soirées purement latex, où le code vestimentaire autorise uniquement le latex, sont organisées. Nous avons créé le premier rassemblement latex à Moscou, nous avons invité nos amis dans notre cottage, et nous avons fait des soirées avec des séances photos, des immersions dans le vacuum bed et de petits jeux S/M . Pour plaisanter, nous appelons ces soirées « The Intergalactic Latex Party » (La Soirée Latex Intergalactique), et il y avait en général une quinzaine de personnes. La dernière Intergalactic Latex Party a eu lieu en 2008 dans une boîte de nuit et il y avait plus de 40 personnes.
À présent, les soirées latex régulières sont organisées par Xozt. Les soirées ont lieu tous les mois dans des clubs différents, et il y a environ une trentaine de personnes.
Quel type de clients avez-vous ? Vendez-vous exclusivement à des russes ou également à l’étranger, et si oui, dans quels pays ?
La plupart de nos clients sont russes ou viennent des pays de l’ex Union Soviétique. C’est un vrai problème pour acheter du latex ici. Notre pays a passé beaucoup trop de temps sous le Rideau de fer, quand tous les genres de déviations et les comportements inhabituels étaient interdits et sévèrement punis. Donc le fétiche vient juste de commencer à monter ici. Dans ce sens, la Russie est 10 ans en arrière par rapport à l’Europe. C’est bon pour Rubear comme marque – nous avons 150 million de gens dans notre pays, et seulement deux ou trois fabricants fétiches. Mais en tant que fétichistes, nous trouvons cela désolant – nous voulons de grands bals fétiches avec des centaines de visiteurs, et nous rêvons qu’un jour toutes les familles russes auront 2 ou 3 combinaisons dans leur garde-robe.
Nous avons des clients à l’étranger. Et bien sûr, la combinaison noire n’est pas ce que les gens commandent de Russie. Les articles les plus populaires sont les masques d’alien gonflables, et les objets faits en latex texturé aussi. Récemment, nous avons du fabriquer en même temps 6 masques d’alien pour des clients étrangers de différents pays. Nous nous avons cru que tout le monde sur Terre voulait devenir subitement un alien et s’envoler d’ici pour d’autres galaxies :-). Sinon, nous avons encore quelques clients en Allemagne, France, Suède, Pays-Bas, Belgique, Angleterre, Espagne, Canada, USA, Japon et Indonésie. Ils commandent à partir de notre site Internet RuBeaR.Ru et du site de notre distributeur européen RuBeaR.Net, créé par le célèbre photographe, Phoebus.
Qui sont vos icônes fétiches ? où il y a-t-il une image particulière qui vous inspire ?
Oh, c’était il y a si longtemps qu’il est difficile pour nous de nous souvenir de personnes en particulier. Peut-être que la première chose qui nous a marqué sont les photos de Jo Hammar et Alexander Horn. Il est peut être nécessaire de rappeler Peter W. Czernich qui a également grandement influencé notre univers fétiche.
Qui aimeriez-vous voir porter vos tenues ? Pourquoi ?
Il y a sur Terre 6 milliards d’habitants… c’est une plaisanterie, bien sûr. Pour parler plus sérieusement, peut-être pas tous, mais juste les jeunes filles séduisantes.
Quels sont vos futurs projets ?
Moins de travail, plus de repos et de soirées 🙂
Nous travaillons 14 heures par jour, et la routine tue la création. Mais nous rêvons qu’à l’avenir nous aurons plus de temps libre. Et quand nous aurons plus de temps libre, nous éblouirons le monde fétiche avec nos collections très spéciales et uniques.