Quand j’ai vu que Netflix sortait une série sur le BDSM intitulée Bonding… j’ai glissé mes doigts dans la bouche pour essayer de recracher mon café. Et puis je me suis dit « Ô diable les préjugés, la série en vaut peut être la peine ». Et puis c’est toujours agréable de regarder un film ou une série sur cet univers passionnant…
Bonding – histoire d’amitié
Bonding raconte l’histoire de deux amis. Tiff (interprétée par Zoe Levin), est étudiante en psychologie la journée et dominatrice professionnelle la nuit. Elle engage Peter (interprété par Brendan Scannell), son meilleur ami du lycée, comme assistant pour ses séances de domination.
L’intrigue revisite, à notre grand regret, les mêmes vieux tropes de comédies romantiques. D’un côté Tiff est froide, distante. Elle repousse sans cesse tout homme qui essaie d’avoir une relation avec elle qui ne soit pas basée sur un rapport dominant / dominé. De l’autre Peter manque de confiance en lui. Il tente de trouver le courage pour monter sur scène et développer une carrière d’humoriste. Les deux vont, comme vous le devinez, parvenir à dépasser leurs craintes et préjugés.
Ça partait d’une bonne intention
Rightor Doyle, le réalisateur de Bonding, s’est visiblement inspiré de sa propre histoire. Lorsqu’il était un jeune acteur, il a travaillé comme garde du corps pour une de ses amies dominatrices. À travers Bonding, il souhaite casser les préjugés sur la profession de maîtresse professionnelle ainsi que sur le milieu BDSM. Il tente de montrer une image plus complexe et plus profonde de cet univers. Non le sadomasochisme n’est pas un culte à la douleur et à la pisse !
Un potentiel pas exploité
D’ailleurs, certaines scènes abordent d’autres thématiques bien moins clichées et peu représentées. Je pense notamment aux furries et aux fétichistes de knismolagnie (les chatouilles pardi !).
Il y a d’ailleurs deux personnages qui mériteraient d’être développés davantage. Tiff reçoit un jour une femme qui souhaite organiser une séance avec son mari. Tout d’abord gênée par sa demande, cette dernière finit par découvrir ses propres penchants pour la domination. Mais malheureusement son goût pour la violence physique ne correspond pas aux attentes de son mari qui lui préfère les chatouilles aux baffes. Intéressant de voir comment un couple marié et amoureux finit par affermir leurs propres passions séparément mais avec respect et consentement. Une histoire finalement assez courante dans le milieu BDSM.
Bonding, une série SM ? Vraiment ?
On pourrait croire qu’avec l’expérience du réalisateur en tant que Kévin Costner de domina, la série présenterait une vision crédible du BDSM. Mais c’est bien là le problème. On n’y croit pas du tout !
En effet, certains aspects du show m’ont dérangé. Par exemple le côté vénal de Tiff. Je trouve ça dommage de réduire la profession à juste un aspect financier. Les dominas professionnelles exercent ce métier, certes moyennant rémunération, mais surtout par passion. Et elles ne sont pas toutes aigries et misandres.
La domina du dimanche
De plus, Tiff en tant que maîtresse SM n’est pas plausible. Elle semble ni apprécier, ni prendre au sérieux son rôle de dominatrice. Sans parler des tenues ! Les corsets trop grands et pas du tout serrés, le mélange des matières ainsi que le latex pas toujours lubrifié sont une agression visuelle permanente !
Un donjon minimaliste
Que dire aussi du donjon ?
Je ne comprends pas pourquoi certains réalisateurs adorent les peindre en rose, mais pourquoi pas. Ceci dit, encore une fois, sa salle de jeux n’est pas vraiment réaliste. Il y a très peu d’accessoires et pas du tout de mobilier. Alors oui, j’entends déjà les râleurs me dire qu’il n’y a pas besoin forcément de matériels dans une relation SM. Mais voyons ! Même les toilettes de donjon SM sont bien mieux équipés que celui de Tiff.
Bonding – une série pour ado
Bonding est censé s’adresser à un public majeur et vacciné. Mais le scénario plaira davantage aux adolescents dont le caleçon les démange ou à une lectrice de Femme Actuelle qui chercherait quelque chose de plus épicé que Plus Belle la vie.
Alors que Sex Education, une autre série sur Netflix, qui s’adresse directement aux adolescents offre un scénario bien plus original, avec des acteurs à l’aise dans leur personnage, et des messages bien plus matures. Donc si vous cherchez une série un peu kinky, je vous recommande cette dernière réalisée par Laurie Nunn.
En définitive, Bonding certes donne au public lambda une image plus valorisante du métier de dominatrice. De plus la série est agréable pleine de couleurs et par moment drôle. Idéale à regarder tandis que vous vous faites les ongles de doigts de pieds sur la table basse. Mais ne vous attendez pas à découvrir une version actuelle de Preaching to the Perverted.